L'essentiel à retenir
Après avoir ébloui par ses prouesses, avoir su accomplir ce que personne ne savait faire, en étant aux portes d’un record de médailles d’or pour une consécration de sa carrière de gymnaste, Simone Biles a dit non, ça suffit, j’arrête.
Simone Biles a dit non pour préserver sa santé mentale
Et pour également faire jaillir le combat plus méconnu qui était le sien : celui d’une victime, parmi des centaines d’autres, d’abus sexuels sur son lieu de travail par le médecin des gymnastes (Larry Nassar, pour le nommer). Des crimes répétés et perpétrés par celui qui, en théorie, devait au contraire s’assurer que le corps de ces femmes serait préservé. Par celui qui détenait l’autorité sur les corps et en a fait le pire usage possible.
Simone Biles a dit “Stop”
... car à un moment, même au pic d’une carrière où tous les yeux se tournaient vers elle, il y avait un choix à faire entre un système où le patriarcat le plus toxique ne fait pas l’objet de la Une des journaux qui préfèrent valoriser les corps poussés à bout, ou celui qu’elle a fait, consistant à forcer le destin et à arrêter net, sidérant tout le monde, pour protéger sa vie personnelle, pour valoriser qu’elle n’était pas qu’un corps performant, mais aussi une voix, une femme, une femme noire qui plus est, dans un contexte post #MeToo et post #BlackLivesMatter.
Son courage, sa force semblent aujourd’hui encore supérieurs
Elle incarne désormais (et c’est sans doute fort lourd à porter) un refus du système, un refus de plaire coûte que coûte, un refus d’être là où on l’attendait, un refus de placer sa puissance à l’endroit de ses capacités physiques pour préférer la placer dans son besoin à elle : un besoin d’équilibre, un besoin de préservation, un besoin de changement positif.
La réussite la plus incroyable de Simone Biles est celle-ci : d’avoir refusé, par-delà les médailles, par-delà les exploits sportifs, cette dernière dose insupportable de pression toujours plus forte qui s’exerçait sur elle aux dépens de sa dignité physique et psychique. Qu’elle nous serve, à toutes et tous, d’exemple.
Judith Aquien, directrice éditoriale de Chance