L'essentiel à retenir
Passer à l’action, cela se prépare : il ne suffit pas de dire “je vais le faire” pour que cela advienne. Comment surmonter un blocage ? Quelles techniques, à court terme comme à long terme, existent pour s’assurer un passage à l’action à la fois dynamique et doux pour soi-même ?
“Agir”, un verbe que l’étymologie fait naviguer de l’action à la pensée
Un peu d’étymologie ne fait jamais de mal, d’autant que dans le cas du verbe “agir”, elle est passionnante.“Agir” vient d’une racine indo-européenne (“ag”) qui veut dire “pousser devant soi”, et qui a donné des mots structurant le présent (“actuel”, “actualité”) mais aussi un avenir proche et cadré (“agenda”).
Cette racine étymologique a également donné lieu à des mots exprimant aussi bien la maîtrise (“protagoniste”) que la facilitation et l’organisation (“agent”, “agencement”), la désorganisation ou le désaccord (“agité”, “antagonisme”) ou la plasticité et l’efficacité (“agile”), jusqu’à évoquer la fin de l’action (l’“agonie”).
Et enfin, elle a aussi fait émerger d’autres cousins de l’action, mais au niveau de la pensée : ainsi, la “pédagogie”, issue de la même racine (qui a donné “agein” en grec : pousser, conduire) pousse les enfants et les “conduit” vers le cheminement de leur intelligence en construction, l’“agora” et la “synagogue” sont des lieux de rassemblement spirituel et intellectuel, et le verbe “cogiter”, que chacun connaît, provient de la même famille.
Fou, n’est-ce pas ? Passer à l’”action” induirait donc dans le même temps de réfléchir et d’avancer concrètement !
Comment définir aujourd’hui ce qu’est le passage à l’action ?
Léa Skenadji propose la définition suivante :“Agir, c’est aller concrétiser par des actes quelque chose qui est du domaine de la pensée (que ce soit un projet ou une intention).”
Les participants du live suggèrent à leur tour des définitions alternatives (“Faire chaque jour une petite action”, “Se mettre en mouvement”), et d’autres exprimant ce qui se noue, pour nous autres communs des mortels, dans la notion de passage à l’action : “Dépasser ses peurs”, “Se poser moins de questions”.
“Le secret de l’action, c’est de s’y mettre”, Alain (philosophe)
Le passage à l’action : un parcours en 3 étapes
Léa Skenadji indique que, quelle que soit la nature du projet, le passage à l’action se déroule en 3 étapes. Ces étapes peuvent être du reste conscientisées ou pas : l’impulsion totale et sans pensée préalable, lors d’un passage à l’acte, n’existerait donc pas.
Phase 1 : l’intention
Quel est le but de mon action, qu’est-ce que je veux ou non ?Par exemple, si je recherche un loisir pour enrichir ma vie, de quelle nature est-ce que je veux qu’il soit, à quelle fréquence je veux le faire, etc.
Chez Chance, dans le cadre de la définition d’un projet professionnel plus harmonieux avec soi-même et ses besoins, cette phase se nomme l’introspection.
Phase 2 : la préparation
Cette phase est celle de la planification du projet et de l’envie : de l’élaboration de ma méthodologie, à la définition des informations dont j’ai besoin, à la réflexion plus concrète sur ce en quoi le projet répond à mes impératifs.
Chez Chance, cette phase est celle de l’exploration : à partir de mes moteurs, de mes impératifs, de tout ce qui fait de moi un être à la fois unique et exigeant, j’explore avec méthode le champ des possibles qui sera cohérent avec moi-même.
Phase 3 : la concrétisation
“Le secret de l’action, c’est de s’y mettre”, a déclaré le philosophe Alain (1868–1951), et comme Léa Skenadji, on ne peut pas mieux dire : si nous attendions d’être dans la maîtrise intégrale des pré-requis et des conséquences de nos actions, nous n’agirions jamais.
Chez Chance, il s’agit de la phase de validation, suivie de celle de l’aboutissement.
“C’est l’action qui donne l’énergie et non l’inverse”, Marie Brassier, directrice des programmes Chance
Mais quid alors d’un passage à l’action quand on rencontre des blocages ?
Toute élaboration d’action nous confronte à un blocage, petit ou grand, ou à un obstacle, à quelque chose qui ne se passe pas exactement comme prévu. Et dans le cadre d’une reconversion professionnelle (ou d’un désir de changement, même léger !), on se trouve, chemin faisant, face à des obstacles et à des barrières psychologiques. Ce qui est non seulement normal, mais aussi humain et, surtout, enrichissant : quoi de plus beau que d’être surpris(e) ?
Charles Pépin, dans La Confiance en soi. Une philosophie (Allary, 2018), le dit avec clarté et se fait rassurant :
“L’action n’est jamais simplement la mise en pratique d’un projet mûrement élaboré. Elle est la rencontre d’un sujet pas spécialement sûr de lui et d’un monde en partie prévisible, mais en partie seulement. La vérité de l’action ne peut donc se trouver dans la réflexion qui précède : elle ne peut résider quand l’action elle-même.”
On en revient une fois de plus au philosophe Alain, que Marie Brassier, directrice des programmes de Chance, complète en affirmant que “c’est l’action qui donne l’énergie et non l’inverse”.
Comment surmonter les épreuves et peurs lors d’un passage à l’action ?
Peur du jugement, procrastination, syndrome de l’imposteur, peur de quitter la stabilité pour l’inconnu, doute, attendre que tout soit parfait, peur de ne pas réussir à choisir, etc.
Les blocages sont naturels, on les rencontre tous, sans exception. La bonne nouvelle est qu’il y a des moyens pour effacer les blocages.
Léa Skenadji explique avec sincérité qu’elle-même, avant de faire cet entretien, a été en proie au trac et au stress. Elle livre des techniques qu’elle utilise ou qui, pour certain(e)s, peuvent servir à s’extraire d’angoisses empêchant l’action.
5 techniques de court terme pour transcender ses peurs et passer à l’action
1. Le compte à rebours
C’est de la pensée magique, mais ça fonctionne souvent, ce dont Léa nous assure : “Moi, le blocage que je rencontre c’est que je pense trop. Ma technique est le compte à rebours : 5, 4, 3, 2, 1 — et je fais ce que j’avais dit.” Arriver à 1, c’est parvenir au lieu de son pacte avec soi-même, et ça aide à se lancer.
2. Se reconnecter à son “pourquoi”
Mais oui au fait : pourquoi, au départ, avant d’être engagé(e) dans mon cheminement, je voulais changer de travail ? Parce que :
- J’avais besoin d’équilibre,
- J’avais besoin d’être fier/fière de mon travail,
- Etc. (il y a plein de raisons, à peu près autant qu’il y a de gens).
Quand on est bloqué(e), se souvenir de pourquoi, au départ, on voulait mettre des choses en œuvre, sert à se mettre en action. C’est très simple, mais cela met en paix avec soi.
3. La stratégie des petits pas
Enfin, une chose qui permet de dépasser un blocage, c’est de diviser une action en petites tâches : un pas après l’autre. Si, au départ d’une randonnée, je regarde le sommet de la montagne, ça me semblera insurmontable. Si je reviens à un présent plus réaliste, et que je considère chaque pas comme un accomplissement, la montagne peut être domptée. Donc se fixer des actions raisonnables, courtes et faisables est la clé pour atteindre son objectif.
En outre, cela assure au cheminement que l’on fait de nous ressembler : qui n’a jamais changé d’avis, pris un chemin de traverse ou au contraire fait un détour par une route certes un peu plus longue, mais belle et enrichissante ? Nous ne sommes pas des robots, nos pas peuvent aussi nous porter vers des contrées passionnantes, encore plus en ligne avec notre objectif initial.
4. Mesurer les vrais risques
En fait, la peur de passer à l’action est celle de perdre plus que d’y gagner. 99% de nos peurs sont irréelles, fondées sur des peurs irrationnelles. Si telle peur se matérialise, est-ce vraiment grave, et dans quelle mesure est-ce aisément rectifiable ?
“Je ne suis pas une reine de l’orthographe, confesse Léa Skenadji. J’écris des mails avec des fautes, le risque c’est que ça peut me discréditer, mais je peux le rectifier : envoyer un second mail et dire “pardon, j’ai fait une faute” en corrigeant.” En effet, dit comme ça, c’est simple et ça détend un peu.
Enfin, suggère Léa :“Se tromper c’est apprendre. Si vous avez bien préparé le terrain, vous pouvez peut-être vous faire confiance !”
5. Travailler le scénario catastrophe
Nous avons détaillé cette technique dans un précédent article sur la procrastination (qui, on ne le répètera jamais assez, n’est pas un caprice mais un blocage). La méthode consistant à se confronter à ses peurs est par ailleurs bien présentée dans la conférence Ted de Tim Ferris : “Définissons nos peurs plutôt que nos objectifs”
4 techniques plus durables pour passer à l’action en maîtrisant davantage la situation
1. Faire passer sa réflexion à travers une grille de critères
C’est ce que fait Chance, rappelle Juliette Sannicolo, responsable de la communauté des coachs chez Chance et animatrice du live.Chez Chance, la définition des objectifs passe par diverses grilles de réflexion :
- d’abord via des retrouvailles avec soi-même (qu’est-ce qui me fait vibrer, quels sont mes moteurs que je veux voir à l’œuvre au travail),
- puis en déterminant (et testant, sous diverses formes) quelle finalité je veux donner à ma vie professionnelle, dans quel environnement je me projette le mieux, avec quel rôle/métier, et en quoi tout ça répond à mes impératifs (financiers, géographiques, etc.) prioritaires.La méthode dure 3 mois, mais au moins, quand il faut passer à l’action, on a les outils !
2. Confronter ses idées ou projections au réel pour éviter les désillusions ou, pour citer un participant, “Comment différencier le monde des Bisounours au monde réel ?”
Le “monde des Bisounours” évoqué par l’auditeur est celui des projections : ce fameux “rêve bleu” d’Aladdin, certes alléchant sur le papier, mais qui a intérêt à remplir ses engagements, sous peine de créer une lourde désillusion chez sa dulcinée.
Donc pour éviter la désillusion, pendant que votre projet professionnel se construit, avant de vous faire le film complet, parlez avec des gens qui font le travail vers lequel vous dirigez vos rêves, et posez-leur toutes les questions essentielles sans craindre d’être terre-à-terre : Les tâches sont-elles intéressantes, en vrai, chaque jour ? Le milieu dans lequel on travaille est-il sympathique ? Les horaires sont-ils décents ? Et les salaires, alors ? Tout ça, oui.
Et sans vouloir sans cesse la ramener, une fois de plus, cette phase de confrontation, qui relève aussi du passage à l’action, est essentielle dans le parcours Chance : si on n’a pas, par des échanges avec des professionnels, un minimum de certitude que dans les faits un projet sera épanouissant, eh bien on risque gros. Donc on parle, on échange, on prend des infos.
Et le monde des Bisounours, d’une manière ou d’une autre, est un peu moins rose, vert et bleu, mais au moins ses couleurs sont certifiées authentiques.
3. S’entourer de soutiens
Enfin, agir en commençant par s’entourer est un fort vecteur de motivation. Être soutenu(e) dans ses objectifs, ça fait un bien fou, ça ouvre aussi des portes (les soutiens connaissent toujours des gens qui vous faciliteront des liens avec un réseau intéressant), et surtout, ça rend heureux-se !Toujours chez Chance (décidément), l’entourage a un rôle clé pour faire passer à l’action : tout au long du parcours, il est sollicité, d’abord pour exprimer ce qu’il pense de l’utilisateur (globalement, les retours sont surprenants de beauté et de gentillesse, et sont des moteurs d’action et de confiance en soi surpuissants), puis pour lui ouvrir du réseau, des idées, des conseils de plus en plus pragmatiques. On oublie souvent, par pudeur ou peur du jugement, de faire confiance à ceux et celles qui nous apprécient : cessons ça et parlons-leur !
4. S’armer de ses compétences et les reconnaître
Se souvenir toujours de son bagage, qu’il s’agisse de compétences liées à une expertise dans un domaine (et qu’il faut apprendre à reconnaître comme telles : si tout le monde ne sait pas faire ce que vous savez faire, alors, c’est une expertise !), ou de savoir-être (pareil, vos forces existent, sachez les apprécier !). Se reconnaître est un moteur fort pour agir.
Et donc, comment passer à l’action quand on ne sait pas où on va ?
Qui, au juste, sait exactement où il va ? Comme nous l’avons vu tout au long de cet article, les chemins sont surprenants. Se fixer un objectif, quitte à le faire un peu dévier, est en revanche un vecteur de motivation pour voir l’horizon à bâtir et entrer dans une démarche féconde.
Se faire accompagner est, sans contexte, la meilleure solution pour orienter son changement sans se perdre de vue.“Toute l’idée de se faire accompagner, c’est d’entrer dans un processus où la pensée et le faire s’équilibrent, affirme Léa Skenadji. Il peut arriver qu’on se pose tant de questions qu’on soit bloqué(e) dans sa capacité d’agir.L’intérêt de Chance est que l’algorithme propose des métiers qui correspondent à vos moteurs profonds, ce qui est déjà une boussole forte pour faire le tri quand on ne sait pas où aller. Ce qui vous anime au quotidien, ce qui pourrait vous épanouir, émerge via une introspection fertile, amenant à se reconnaître soi, pour élaborer un avenir respectueux de soi.”