L'essentiel à retenir
Comment savoir si la voie professionnelle dans laquelle on s’engage est vraiment la bonne ? Choisir de quitter son entreprise pour en rejoindre une nouvelle, changer de poste ou carrément de métier, annoncer une mauvaise nouvelle… choisir entre une entrée ou un dessert… La question du choix tétanise. Comment faire le bon choix ? Pourquoi est-ce parfois si difficile ? Si certain-es parviennent à se convaincre en quelques minutes que leur décision est forcément la bonne, d’autres peuvent y passer des heures, des semaines, voire des années, sans jamais se sentir totalement convaincu-es.
Changer de voie professionnelle ou pas : une question d’optimisme… ou de pessimisme
En réalité, la réponse à la question de l’orientation est intimement liée à la nature optimiste / pessimiste dominante de la personne qui la regarde.
Interrogeons un-e pessimiste. Le prisme avec lequel il ou elle s’oriente pour trancher est défini par la prudence et la recherche de justesse. Il ou elle évalue donc tous les scénarios possibles et les risques qui y sont associés pour pouvoir les contrer. Ironie du sort : plus j’investis mon énergie dans la prévision des risques, plus j’en découvre, moins j’ai envie d’y faire face, et plus je deviens enclin-e à subir davantage une situation qui ne me convient pas, et adopter une attitude passive par rapport à mon avenir.
Interrogeons maintenant un-e optimiste. La perception de la problématique devient radicalement différente. Pour lui ou elle, l’idée même d’ambiguïté face à ce type de question sur l’orientation devient stimulante. Sa perception du changement de voie est celle d’une infinité de champs des possibles, une opportunité d’expérimenter et d’apporter de la valeur. Ses choix sont régis par son intuition et sa confiance en l’avenir. Pour l’optimiste, aucune décision n’est irrévocable, la vie est une succession de parenthèses.
“Ce qui est intéressant, c’est de se dire : “Je peux bâtir, je peux me reconstruire, je ne suis pas enfermé-e dans une case. Je peux me donner cette chance.””
Dans l’ombre de cette force, réside à son tour le manque d’anticipation. Si je fonce tête baissée sans préparer mon plan ni penser aux obstacles, je deviens mécaniquement plus susceptible de faire des bêtises ! C’est le serpent qui se mord la queue… La seule différence notoire, c’est qu’en tant qu’optimiste, son instinct lui dira toujours que son choix est le bon, car c’est en sortant de sa zone d’habitude que nous vivons les expériences les plus marquantes de notre vie.
Dans ce raisonnement, ce qui est intéressant, c’est de se dire : “Je peux bâtir, je peux me reconstruire, je ne suis pas enfermé-e dans une case. Je peux me donner cette chance.”
Choisir sa voie avec un bon discernement
Choisir la voie professionnelle qui nous correspond, c’est d’abord s’interroger : Qui suis-je ? Quels sont mes moteurs ? Mes aspirations ? Les valeurs qui m’animent ? De quoi ai-je besoin pour me sentir bien dans cet environnement ? Où en suis-je aujourd’hui par rapport à ce constat ?
Conseil 1- Pratiquer l’ancrage de ressources et cultiver l’état d’esprit de croissance
Le moyen le plus précieux dont je dispose pour garantir le bon choix en matière de transition, c’est de repartir à la source, commencer par interroger les fondamentaux, les préférences qui me caractérisent, les convictions / injonctions qui m’animent, zoomer sur ce que raconte mon expérience, et à quoi cela fait écho.
Ce travail en lien avec l’image de soi permet de faire le tri, de clarifier de manière plus nette mon ancrage de ressources, pour le relier ensuite à mes objectifs et indicateurs de succès.
C’est le cercle vertueux que présente Carl Gustav Jung dans son autobiographie Ma vie (1961).
Ce fondateur de la psychologie analytique a démontré dans ses travaux que lorsqu’un individu devient capable de conscientiser son propre mode de fonctionnement, il crée de nouvelles connexions dans son cerveau, permettant d’augmenter son potentiel intuitif, et donc sa capacité à rebondir pour faire le bon choix.
Plusieurs études scientifiques convergent vers le même diagnostic ; cette idée qu’avec des efforts d’entraînement et de l’exercice d’introspection, quiconque devient en mesure de développer son intelligence et de cultiver un état d’esprit de croissance, que la chercheuse en psychologie Carol Dweck a baptisé le “growth mindset”. On passe alors d’un “Ouh je ne veux plus de ce que j’avais ou ce que je faisais” à “Comment est-ce que je peux capitaliser sur mon métier précédent pour l’enrichir ?”.
Le développement de cet état d’esprit permet d’activer dans le cerveau une forme de déclic, qui permet de dépasser ses peurs, et envisager le changement comme une opportunité d’évoluer, de pouvoir se rendre utile et apporter de la valeur, plutôt qu’une défaite potentiellement irréversible.
La transition professionnelle : un chemin cohérent, à s’approprier
Le regard porté sur la transition professionnelle devient à partir de là tout à fait différent : je ne la considère plus comme une fin avec une vision figée, mais comme faisant partie d’un chemin, foisonnant et non binaire, permettant de regarder au fur et à mesure et dans une vision plus globale, quels sont les domaines dans lesquels je pourrai continuer de me développer.
La rencontre avec soi est un exercice périlleux, car souvent biaisé par tout un tas d’injonctions que l’on se rabâche en boucle, et qui nous empêchent d’accéder à notre véritable identité. Le changement de voie est d’ailleurs aujourd’hui devenu une injonction à proprement parler !
Conseil 2 - Opérer sa transition avec un-e professionnel-le
Le travail avec un-e professionnel-le permet de neutraliser ces biais inhérents à tout un chacun. Le jeu de miroir, induit à travers l’échange, permet de relier toute la masse d’informations émergente pour créer une caisse de résonance. Se raconter à soi-même sa propre histoire, à travers les yeux d’un-e professionnel-le, aide à prendre conscience de comment je fonctionne, quels sont mes centres d’intérêts versus toutes les obligations que je m’impose pour être aimé-e et répondre à mon besoin de reconnaissance.
Conseil 3 - Explorer le terrain par la rencontre
“Il s’agit plutôt ici d’interroger jusqu’où on est prêt-es à aller et faire des concessions ? Qu’est-ce qui prend le pas ?”
Parmi les autres pistes de solutions à mettre en œuvre, aller sur le terrain dans un mode Sherlock Holmes, permet de comprendre le métier d’un point de vue utilisateur, ce qui aide à ressentir, tester des hypothèses, placer le travail dans son contexte réel et sortir d’une idée souvent fantasmée d’une vie professionnelle.
L’objectif durant cette phase est de questionner point par point la grille de lecture ayant émergé sur la phase d’introspection pour regarder jusqu’à quel point la réalité du terrain permet de remplir les cases. Le modèle parfait n’existe pas. Il s’agit plutôt ici d’interroger jusqu’où on est prêts à aller et faire des concessions ? Qu’est-ce qui prend le pas ?
Baliser tous les aspects matériels, affectifs, financiers et géographiques et voir ce qui émerge du terrain, aide énormément à recentrer vers l’objectif afin d’ouvrir et fermer des portes.
Conseil 4 - Choisir sa voie : comment la communication non violente peut aider
Quand plusieurs voies se dessinent et que plusieurs activités peuvent nous plaire, il est fréquent que les doutes nous assaillent et finissent par nous empêcher de passer à l’action. Dans ces cas-là, pratiquer l’outil CNV (communication non violente) est facilement actionnable et très puissant pour prendre du recul et apporter de la clarté dans nos décisions.
Étape 1 : Observation des faits
Je suis en train d’enclencher un processus de transition professionnelle et j’ai peur de me tromper, faire le mauvais choix, échouer et me faire juger par les personnes de mon entourage.
Étape 2 : Description du sentiment associé
Je ressens de la tristesse, de la peur et de la colère face à mon incapacité à choisir et passer à l’action.
Étape 3 : Identifier le besoin à satisfaire
Il est fréquent que la peur d’échouer dissimule un besoin d’être reconnu-e et d’être aimé-e. Ce besoin peut avoir tendance à nous faire miroiter que nous serions aimé-e et reconnu-e si et seulement si nous faisons l’action juste. Et selon les individus, l’action juste sera matérialisée par divers drivers : la perfection, la rapidité, la débrouillardise, la gentillesse, l’effort.
Étape 4 : Formuler la demande claire
Demandez-vous de l’indulgence et accordez-vous de l’imperfection dans le comblement de ces besoins. Acceptez d’être imparfaits. Acceptez de demander de l’aide pour éclairer vos choix.
Demandez-vous si ce projet est bénéfique et utile pour vous ? S’il est réalisable ? En accord avec vos valeurs ?
Faire des choix : un besoin vital pour avancer dans sa vie
L’histoire raconte le paradoxe de l’âne de Buridan, celle d’un animal assoiffé et affamé qui fut amené près d’une mangeoire pleine d’avoine d’un côté, et un seau d’eau de l’autre. Ne sachant pas par lequel des deux commencer, l’âne ne sut se décider, et finit par mourir desséché.
Choisir entre deux choses peut parfois vouloir dire choisir la première étape de notre processus de changement. Changer la dynamique avec laquelle j’occupe l’environnement peut suffire à redonner un coup de fouet, sans pour autant devoir transformer radicalement le métier que j’exerce. D’autres fois, ne pas choisir tout de suite et voir ce qui advient peut être la solution. Nous ne sommes pas des ânes, nous pouvons avoir besoin d’un sursaut de vie, de nouvel événement pour avancer.
Les transitions ne se font pas du jour au lendemain, de façon radicale. Elles se font par micro ajustements et allers-retours sur le terrain.
Camille Fantini, coach partenaire Chance