Résumé
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L'essentiel à retenir

De nombreuses personnes voient que leur rapport à l'action, au travail, est parfois décalé par rapport à leur entourage, et ce, depuis l'enfance. Elles se découvrent HPI (haut potentiel intellectuel) - parmi les 2% de la population qui le sont aussi - ou bien se demandent si elles le sont, s'interrogent sur ce que cela veut vraiment dire, et surtout, comment bien vivre avec ce trait de personnalité.

Hélène Jordany, coach partenaire Chance, qui accompagne régulièrement des personnes HPI, nous a apporté ses éclairages et conseils.

Les HPI ne sont pas plus intelligents, ils sont intelligents différemment” Hélène Jordany

Qu’est-ce que c’est qu’un haut potentiel intellectuel (HPI) ou un haut potentiel émotionnel (HPE) ? Quel lien avec le fait d’être surdoué, ou le terme “zèbre” ?

D’abord, posons les termes : une personne HPE n’est pas nécessairement HPI. En revanche, une personne HPI est quasi toujours HPE.

Concrètement, une personne HPI a un QI compris entre 130 et 160 (sachant que le QI moyen est de 100). On peut aussi parler de “surdouance” à ce sujet la surdouance étant la capacité exacerbée à faire certaines choses. Attention, on n’est pas pour autant plus intelligent-e que les autres, on a juste une manière différente d’être intelligent-e quand on est HPI.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ces traits intellectuels ne seront pas forcément liés à des résultats scolaires : il faut savoir utiliser ce talent, et qu’il soit bien accompagné et compris par l’entourage pour porter tous ses fruits.

Les HPI eux-mêmes récusent fréquemment le terme “surdoué” pour cette raison précise, et lui préfèrent le mot “zèbre”. Mais pourquoi ce terme ? Eh bien en une définition comme en 1 000 mots, Hélène nous l’explique :

Le HPI est un zèbre capable par suradaptabilité de se fondre dans un troupeau de chevaux, mais pensant et vivant les choses de façon bien différente des autres.

Sur ce qui distingue la personne HPI de la personne HPE, Hélène Jordany indique que la personne HPI a une manière différente de penser, et la personne HPE a une manière différente de vivre ses émotions, ce qui, une fois réuni, “peut faire des étincelles positives ou négatives”.

Est-ce que c’est grave d’être HPI ?

Que tout le monde se rassure : ça n’est pas grave d’être HPI, c’est un trait de personnalité marqué par une façon de fonctionner. Comme de nombreux traits de personnalité ou liés aux modes de pensée, grâce aux recherches neuroscientifiques, c’est aujourd’hui  nommé, et cela nous éclaire sur qui nous sommes pour mieux nous comprendre. On se sent dès lors moins seul-es, ce qui est plutôt une bonne chose.

En revanche, attention aux généralisations - tous les HPI ne se ressemblent pas : “Chacun-e appréhende et apprivoise différemment sa manière de vivre et utiliser au quotidien le fait d’être HPI ou HPE (haut potentiel émotionnel)”, rappelle  la coach Hélène Jordany. Ils ont juste ça en commun ce qui peut les attirer les uns vers les autres et ainsi vivre heureux et faire des enfants (ce n’est même pas vraiment une blague : les HPI font vraiment des petits HPI, grâce au bain de haute potentialité qu’ils créent dans le foyer familial).

Quoi qu’il en soit, vivre pleinement et sereinement le fait d’être HPI peut être, selon Hélène Jordany, “une grande chance pour celles et ceux qui le vivent”.

Comment détecte-t-on qu’on est HPI, quels sont les signes repérables ?

Le plus généralement, cela se détecte lors de tests qui peuvent être faits à tout âge et ça concerne 1 personne sur 30. On peut faire un bilan neuro-psychologique pour faire un vrai diagnostique, mais d’autres points peuvent permettre de détecter un haut potentiel.

Les 3 caractéristiques clés qui peuvent amener à penser qu’on est (ou que quelqu’un est) HPI

1- Le sentiment de décalage avec les autres

Ce sentiment de décalage, d’être extrêmement lucide, d'avoir des chemins de pensée différents, peut amener à ne pas se sentir compris-e. Ce décalage apporte une capacité de suradaptation chez les HPI. Or cette aptitude peut aussi comporter des risques : à force de se suradapter, comment être pleinement soi-même ?

Hélène Jordany explique que si on s’aperçoit qu’on joue toujours un rôle, cela pose la question d’une souffrance qu’il faut pouvoir accompagner : une personne (HPI ou pas, du reste) qui vit bien n'a pas à faire semblant d'être quelqu'un d'autre. Cela induit donc de choisir ses environnements, et d’éviter ceux où l’on ne peut pas, par exemple, s’exprimer.

2- La fatigue mentale

À force d’être en ébullition permanente, d’avoir un mode de pensée en arborescence, on s’épuise. Les HPI se fatiguent eux-mêmes (et peuvent fatiguer les autres) à passer par tous les points vers lesquels leur pensée les guide.

3- L’hypersensibilité

L’hyper-émotion, l’hypersensibilité, hyperesthésie (tout stimulus sensoriel sera archi ressenti - une chance dans certains cas, mais comment se concentrer s’il y a le tic-tac d’une horloge en arrière-fond ? Comment apprendre quelque chose sans être en mouvement ?), l’hyperstimulation, tout ça constitue un bagage dense, très riche, rempli d'ambiguïté car tout est nécessaire mais dans des dosages et types de situations bien précises pour constituer un environnement favorable.

Être accompagné-e pour éviter le surmenage du HPI

Les caractéristiques qu’on vient de voir n’allègent pas la vie, il s’agit donc de bien connaître son fonctionnement pour jongler correctement avec et éviter de sombrer dans la dépression, le burn out, le sentiment d’inadéquation.

L’accompagnement est une étape hyper importante car ça permet de prendre conscience qu’on est vulnérable, mais aussi qu’on peut célébrer qui on est sans en avoir honte, sans avoir à, toujours, le cacher de peur de ne pas entrer dans une norme présentée comme désirable. L’accompagnement donne ce recul, apporte ce regard sur ce que nous sommes vraiment sans avoir à en rougir.

Comment, quand on est HPI, se sentir bien au travail quand on a souvent l’impression d’être incompris-e, sous-utilisé-e ? Comment s’orienter professionnellement, dans ce contexte ?

Si vous n’êtes pas au courant, chez Chance on analyse le travail sous 4 angles distincts et qui se complètent absolument : le métier, l’environnement, la finalité et les impératifs (géographiques, horaires, salariaux…). Hélène le rappelle : “On peut faire le même métier dans deux structures très différentes et le vivre de façon trèèèès différente.”Ainsi, l’environnement et la finalité sont les deux piliers les plus importants pour une personne à haut potentiel.

4 piliers méthode Chance - métier environnement finalité impératifs

Schéma : les 4 piliers de Chance

Être dans un environnement de travail créatif, en résolution de problèmes : la clé de l’épanouissement professionnel pour le HPI

Pour pouvoir grandir et s’exprimer dans un environnement donné, la créativité de l’environnement, sa capacité à proposer des tâches variées sera bénéfique pour un HPI. La répétition des tâches suscite beaucoup d’ennui chez une personne HPI, et crée son désintérêt, pouvant aussi aboutir à une perte de sens, voire à un bore-out. L’important est - toujours - de savoir communiquer son appétence et son besoin de variété aux personnes avec et pour qui on travaille.

Des postes autonomes pour avoir un rôle de bâtisseur-se

“Le HP aime avoir le pouvoir de pouvoir choisir.”

“Le HP aime avoir le pouvoir de pouvoir choisir,” indique Hélène Jordany : des postes permettant une certaine autonomie dans la prise de décision sont ainsi préconisés. Le fait d’être à son compte est évidemment une solution, même si les HPI aiment à être en groupe, donc le salariat n’est surtout pas à exclure : créer ex-nihilo n’est pas forcément son fort, mais plutôt “bâtir à partir de bases peu solides” : le rôle dans lequel les HP sont le plus à leur place est régulièrement celui de facilitateur-rices, consistant à résoudre des problèmes, à trouver des solutions favorables au groupe.

Les HPI s’intéressent davantage au “pourquoi” qu’au “quoi” - un concept magnifiquement expliqué dans une conférence Ted de Simon Sinek :

Comment se sentir bien au travail quand on est HPI ?

La terminologie peut donner lieu à un sentiment de supériorité qui peut nous desservir. Une qualité à travailler chez un HPI est l’humilité (attention, sans tomber dans le syndrome de l’imposteur !) : il ne s’agit pas “d’écraser qui on est”, mais de trouver le “juste dosage” qui nous permettra d’avoir une place au sein du groupe.

Car si on a souvent une logique qui nous mène à la bonne réponse, on ne l’a pas non plus toujours (le HPI n’est pas infaillible) et son succès vient aussi de sa capacité à puiser dans les forces des autres, et à entrer dans une dynamique de créativité collective.

L’empathie en découle : le comportement que l’on adopte doit être “en miroir de ce que l’on attend des autres”.

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